La culture est bien sûr
touchée par cette crise et c’est en cela que nous voyons la relation entre
culture et politique. La culture est un outil d’émancipation, de réflexion sur
des mondes possibles et transformables, de métaphorisation et de critique, elle
est la condition du politique, elle l’enrichit et inversement, la réflexion
politique la nourrit et l’assiste. Dans nombre de pays avoir une activité
culturelle rejoint l’activisme politique (pussy riot en Russie, groupes de
musique féminins dans certains pays musulmans…), en France aussi avec les
évènements liés à l’attaque de charlie hebdo.
Nous assistons aujourd’hui
à l’écrasement de la culture comme outil d’émancipation par des logiques
financières qui réduisent aussi bien le contenu que le contenant :
Structurellement, nous
assistons avec la toute puissance du capitalisme dans son expression libérale
la plus dure à une volonté de formater les esprits en les transformant en
individus normés propres à recevoir une culture normée, tournée vers le
divertissement qui enlève à la culture sa dimension critique et émancipatrice.
Il faut fabriquer des individus dociles, conformistes résignés à reproduire les
rapports sociaux dominants, la multiplication des émissions de télé réalité où
l’on est jugé, et où l’on doit voter pour « le meilleur », où la
représentation physique est plus importante que celle des idées en est l’un des
symptômes.
L’entrée dans le champ
culturel de la politique de l’offre et des règles de gestions réduit la culture
à des logiques financières, on ne parle plus que de taux de remplissage des théâtres,
de taux de fréquentation des cinémas, du nombre d’entrées pour un film, la
qualité d’un musicien se résume au chiffre de vente d’un album ou du nombre de
ses téléchargements, payants pour la pluparts.
Ces règles de gestions
impliquent aussi la productivité comme but à la production artistique. Cette
production a besoin de temps, de préparation, de réflexion, d’essais et cela
n’est pas compatible avec la rentabilité et la mercantilisation demandée aux
artistes aujourd’hui.
L’austérité, qui en réduisant
les dépenses publiques, réduit donc le champ d’action des institutions
culturelles et remet en cause l’idée d’un service public de la culture aussi
bien dans sa diffusion que dans le soutien aux créateurs. Cette réduction des
dépenses menace aussi le statut des intermittents qui, régulièrement attaqué,
précarise de plus en plus ces métiers indispensables à la diversité culturelle.
Les métiers de l’information et des médias sont eux aussi précarisés, menaçant
par là liberté d’expression. Enfin elle menace aussi le tissu associatif par la
baisse de leurs subventions, des emplois à temps plein sont menacés mais aussi
une myriade d’activités associées telles que les graphistes, intervenants… par
extension cela menace aussi l’éducation, la réforme des rythmes scolaires
impliquant l’intervention de nombres d’associations. Le patrimoine est aussi
menacé de privatisation et l’entrée du mécénat privé bien que souhaitable par
certains aspects risque de renforcer les logiques financières dans le champ
patrimonial.
Tout cela implique que
nous repensions notre rapport à la culture, reconnaître toutes les cultures
sans jugement de valeur, et sortir de cette hiérarchie du transmettant et de
l’apprenant. C’est le but de l’éducation populaire, l’échange et le partage. Ce
partage qui avec les évolutions technologiques peut être facilité, si on ne
cède pas aux logiques financières qui sous prétexte de droit d’auteur, ne
permet pas une juste rémunération des créateurs et profite surtout aux majors
et aux fournisseurs d’accès.
Nous avons besoin d’une
politique publique de la culture renforcée et repensée, nous devons donner les
moyens aux créateurs et à ceux qui les assistent de travailler, de réfléchir, et d’aboutir sans
pressions extérieures mais en pensant l’environnement comme une richesse.
Nous voulons pour cela
nous enrichir de la réflexion commune et de la participation de tous les
intervenants de ce champ culturel ainsi que des citoyens.
Nos propositions sur la Culture
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